Le bal des maudits - t 2 by Irwin Shaw

Le bal des maudits - t 2 by Irwin Shaw

Auteur:Irwin Shaw [Shaw, Irwin]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 2011-10-08T08:33:25+00:00


30

CE fut à neuf heures que l’aviation commença à les survoler. B-17, B-24, Mitchells, Maraudeurs. Noah n’avait jamais vu autant d’avions de sa vie. On eût dit les escadrilles des affiches de recrutement, implacables, ordonnées, brillant dans un ciel miraculeusement bleu, hommage palpable à l’infatigable énergie des usines américaines. Noah se mit debout dans le trou au fond duquel il vivait depuis une semaine avec Burnecker, observant les impeccables formations avec un grand intérêt.

– Il est bien temps, dit amèrement Burnecker. Ces salopards d’aviateurs. Il y a trois jours qu’ils auraient dû arriver.

Noah regardait, sans mot dire, tandis que la D. C. A. allemande commençait à fleurir dans le ciel en corolles noires, parmi les silhouettes scintillantes des appareils. Çà et là, un avion touché quittait sa formation. Quelques-uns des avions atteints viraient de bord, et, traînant après eux de longues arabesques de fumée noire, planaient en direction de champs amis, derrière les lignes. D’autres explosaient silencieusement, dans le ciel aveuglant, et retombaient en boules de flammes et de fumée. Des parachutes s’ouvraient, çà et là, et se balançaient mollement au-dessus du champ de bataille, parasols de soie blanche déployés par ce beau matin ensoleillé d’un été français.

Burnecker avait raison. L’attaque devait avoir lieu trois jours auparavant. Mais les conditions atmosphériques ne s’y étaient pas prêtées. La veille, quelques appareils avaient effectué une première sortie, mais le plafond s’était abaissé, et, après un bombardement préliminaire, les avions avaient rejoint leurs bases, l’infanterie avait rejoint ses trous. Mais aujourd’hui, aucun doute possible, c’était l’offensive.

– Il fait assez beau, aujourd’hui, dit Burnecker, pour exterminer de dix mille mètres toute l’armée allemande.

À onze heures, lorsque l’aviation aurait théoriquement détruit ou démoralisé toute opposition ennemie, l’infanterie devait attaquer, ouvrir une brèche pour les éléments blindés, et la maintenir ouverte pour permettre aux divisions fraîches motorisées de s’enfoncer profondément à l’intérieur des lignes ennemies. Le lieutenant Green, qui commandait maintenant la compagnie, le leur avait fort clairement expliqué. Et tandis que, sur le moment, les hommes avaient feint un scepticisme absolu, il leur était impossible, à présent, en observant la terrible précision de cette énorme force aérienne, de douter que toute l’offensive ne se déroulerait pas selon le plan prévu.

« Bien, pensa Noah, l’attaque de l’infanterie ne sera rien de plus qu’une simple parade. » Depuis son retour des jours passés derrière les lignes ennemies, il s’était farouchement enfermé dans sa solitude, essayant, pendant toute la durée du repos qui lui avait été accordé, de se fabriquer une nouvelle attitude, une philosophie de complet détachement, pour se protéger une fois pour toutes contre la haine de Rickett et de quiconque pouvait encore penser comme lui à l’intérieur de la compagnie. Sur un certain plan, tandis qu’il observait le passage des avions et entendait, devant lui, le tonnerre de leurs bombes, sur un certain plan, il était reconnaissant à Rickett. Rickett l’avait absous de la nécessité de faire ses preuves en démontrant que, quels que puissent être les mérites de Noah, même s’il prenait Paris à lui tout seul ou tuait chaque jour une brigade de S.



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